Cérémonies du 8 mai 2024

Affiche Rouge

Les cérémonies consacrées à la mémoire des soldats français et alliés morts pour la France lors de la deuxième guerre mondiale se sont tenues dans chacune des communes déléguées mercredi 8 mai.

Cette matinée de commémoration s’est terminée au monument aux morts de Sainte Blandine où les enfants de l’école ont lu le poème d’Aragon, L’affiche Rouge, et ont déposé une rose à l’appel des Morts de la commune.

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M. Patrick Trochon, maire délégué de Thorigné en charge de la vie associative, sportive et culturelle, a prononcé le discours suivant :

Patrick Trochon

Mesdames, messieurs en vos grades, fonctions, et qualités.

Tout d’abord, merci d’avoir répondu présent à cette cérémonie.

Dans les derniers mois de l’année dernière, la panthéonisation de Missak Manouchian et de ses 23 camarades était en cours. C’est dans ces moments, qu’est née l’idée de cette commémoration. Le soufflet de la médiatisation retombé, la municipalité a voulu, en ce jour du 8 mai, rendre hommage à Missak Manouchian et plus largement aux 23 fusillés de l’affiche rouge. Leur histoire, leur courage et leur sacrifice doivent être célébrés et commémorés. Ils étaient des hommes et des femmes qui ont défié l’oppression, lutté pour la liberté et ont payé le prix ultime de leur engagement.

Quand ils tombent sous les balles du peloton d’exécution, le 21 février 1944 au Mont-Valérien, ils sont très jeunes. Thomas Elek, Georges Cloarec, Rino Della Negra, Maurice Fingercweig, Léon Goldberg, et Robert Witchitz ont à peine 20 ans. Célestino Alfonso, Jonas Geduldig, Spartaco Fontanot, eux, ont moins de 30 ans. Dix d’entre eux apparaissent sur « l’Affiche rouge » placardée par l’occupant dans tout Paris.

Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. Pour ces jeunes gens, c’est assurément vrai, mais quand même un peu court. Pourquoi ? Pourquoi des jeunes gens, qui avaient l’âge d’être dans l’insouciance, qui avaient toute la vie devant eux, ont décidé de dire non à l’oppression et de prendre les armes.

Pour s’aventurer dans un début d’explication, il est bon de remettre un peu de chronologie dans ce contexte historique. La guerre d’Espagne dura du 1 juillet 1936 au 1 avril 1939. Les plus âgés d’entre eux avaient combattu au côté des républicains espagnols. Ils avaient vu et ils ont partagé, ce que l’occupant nazi était capable de cruauté. Ils étaient organisés, sous le couvert du parti communiste dans la section MOI (Main,Œuvre,Internationale), et par conséquent, aux ordres de Staline. Le pacte germano-soviétique est signé à Moscou le 23 août 1939. 12 jours plus tard, Le 3 septembre 1939, après l’invasion de la Pologne par les armées du Reich, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Neuf mois ont passé quand la France est envahie. Le 16 juin 1940, le maréchal Pétain demande l’armistice et entame sa politique de collaboration avec les Nazis. Le 18 juin 1940, c’est l’appel du Général de Gaule à Londres. La section du groupe MOI restera silencieuse, jusqu’à l’attaque de l’Allemagne envers l’Union Soviétique le 22 juin 1941, c’est l’opération Barbarossa. Le réseau de résistance intérieure du parti communiste, les FTP, et plus particulièrement, les FTP de la section MOI, vont se mettre en ordre de combat en avril 1942, en tuant, en plein jour et au centre de Paris, des soldats ennemis.

Ce groupe de francs-tireurs ne s’est assurément pas battu pour la nation française de 1942. La France des années 30 a refusé par deux fois la nationalité française à Missak Manouchian et la plupart de ses camarades étaient étrangers. La police Française de 1942, les a traqués, arrêtés, torturés et livrés aux Nazis. Ils en feront un outil de propagande, dans le but de faire peur à la population : l’affiche rouge. Les 23, du groupe Manouchian, ont combattu pour ce que la France représentait à leurs yeux. Ils ont combattu pour les idées que la France a irradiées aux yeux du monde. Ils ont combattu pour ces idées nées dans le siècle des Lumières et qui sont arrivées jusqu’à nous par ces mots : liberté, égalité, fraternité, laïcité et par la déclaration universelle de l’homme et du citoyen.

Les 23 de l’affiche rouge incarnaient la résistance dans sa forme la plus pure. Parmi eux, des ouvriers, des étudiants, des intellectuels, des artistes, des hommes et des femmes de différentes origines et cultures, mais, comme il est dit dans le poème, aussi et surtout, tous nos frères en humanité. Ils étaient unis par cette intime conviction que, pour défendre d’aussi belles idées contre la barbarie nazie, la seule solution était le combat armé.

Aujourd’hui plus qu’hier, il est impérieux de célébrer ceux qui ont fait le sacrifice ultime pour notre liberté. Aujourd’hui comme hier, le monde est instable et dangereux. Les bruits de bottes en Ukraine, à Gaza et à Taiwan deviennent assourdissants. Gardons à l’esprit et dans nos cœurs les 23 noms de l’affiche rouge. Leurs actions, leurs attitudes devant l’adversité, doivent rester pour nous, Citoyens de France, une ligne de conduite, un exemple, s’il advint, une fois encore, que la barbarie frappa à notre porte.

La lecture du texte qui va suivre, lu par les enfants de la classe de cm 2 de Thorigné, est le poème de Louis Aragon : l’affiche rouge. C’est un texte difficile à appréhender, dans sa lecture et dans sa compréhension. Il se découpe en deux grandes parties, la seconde étant un extrait de la dernière lettre de Missak Manouchian à sa femme Mélinée, écrit quelques heures avant d’être fusillé. Au nom de la municipalité, je remercie les élèves et leur maîtresse pour leur implication dans cette cérémonie.

Je vous remercie

Patrick TROCHON

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8 mai 2024 - Monument aux morts de Sainte Blandine

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